19/01/2015

Liberté d'expression : drôle d'expression !

Outre sa cuisine, ses vignobles, ses belles femmes et ses paysages touristiques, notre pays est aussi réputé dans le monde entier pour un concept actuellement porté aux nues : la liberté d’expression. Je tiens d'emblée à préciser que cette notion est chère à mes yeux et que je la respecte pleinement.
 
Bardés par des limites bien cadrées, fixées par la loi, allant de l’insulte basique au caractère diffamatoire, nous aurions donc en France le droit de tout dire, de défendre toutes les causes, même au prix de déranger d’autres personnes en profond désaccord avec notre façon de voir les choses. La polémique déclenchée par les caricatures de Mahomet représenterait même le summum de cette « liberté d’expression ». Peu importe alors si elle se transforme en une certaine forme de provocation, et à l’extrême, si elle devient source de violences. Pour ma part, je n’en vois pas très bien le sens, surtout quand on sait anticiper les catastrophes que ces joutes verbales ou que ces dessins vont occasionner dans le reste du monde. Les nombreuses victimes au Niger, même si elles sont la conséquence d’actes odieux, n’étaient-elles pas aussi des êtres humains, anéantis de la planète comme les victimes de « nos » terroristes ? La folie et l’ignorance des extrémistes, certes loin de l’Europe, devraient pourtant être facilement prises en compte, intégrées dans la réflexion préalable de nos libres penseurs, au regard de leur intelligence supérieure parisienne, puisque nous serions seuls capables de cette hauteur de vue qu’est la liberté d’expression…
 
Inversement, la liberté d’expression est essentiellement valable quand la « bien-pensance » a ainsi décidé de protéger, sous une cloche idéologique, des propos bien choisis plutôt que d’autres...
Que l’on soit d’accord ou non avec lui, quand Eric Zemmour dispense ses chroniques qui ont certes bien de quoi déplaire, pourquoi néanmoins faudrait-il l’exclure de l’antenne ?
Qui détermine les réelles limites de la liberté d’expression ? Seul un juge peut le faire, en pure démocratie, mais on ne peut pas jeter l’opprobre sur quelqu’un parce que ses propos gênent… Ou alors je n’ai rien compris à ce beau concept qu’est la liberté d’expression !
 
En Europe, il faudrait donc taire des faits et des vérités incontestables (par exemple des statistiques officielles, données dans certains pays, sur la proportion des détenus d’origine étrangère). La liberté de s’exprimer se jouerait-elle à plusieurs vitesses ou facettes, selon le regard et les convictions ?
J’estime pour ma part que cette stigmatisation des musulmans prend des traits caricaturaux et même détestables, parfois, dans les termes employés par Eric Zemmour avec en prime les sous-entendus haineux, mais pourquoi vouloir les interdire surtout quand ils correspondent à ce qu’une grande partie de la population pense tout bas ? Pourquoi serait-on qualifié de "raciste" quand on exprime publiquement le fait qu'il y a trop d'immigration en France ? N'est-on pas libre d'expression sous peine en retour d'être calomnié ?
 
La liberté d’expression n’est donc manifestement pas celle de la liberté du débat.

03/01/2015

Le défi budgétaire de la ville de Saintes pour 2015

Lors du Conseil municipal consacré au Débat d’orientations budgétaires de la ville de Saintes, j’ai eu l’occasion de présenter la situation de nos finances, en tant qu’adjoint au Maire.

Dans un contexte économique difficile et face à la réduction programmée des dotations de l’Etat, qui vient s’ajouter à l’héritage du précédent mandat, notre équipe municipale devra dégager de nouvelles marges de manœuvre pour garantir l’équilibre des budgets et préserver des capacités d’action pour rendre plus attractive notre ville.

La courbe verte représente les recettes de fonctionnement de la ville (principalement issues des dotations de l’Etat et de la fiscalité locale) et la courbe rouge montre l’évolution des dépenses.  La différence entre les deux constitue « l’épargne brute ».
 
Le mandat précédent a été marqué par la hausse très importante de la fiscalité, en 2009 tout d’abord (+3% sur tous les impôts locaux) et en 2010 (+ 17% sur la taxe foncière). Les évolutions pour les années suivantes s’expliquent par le transfert de la compétence « enfance-jeunesse » en 2012 et « office de tourisme » en 2013, à la Communauté d’Agglomération (CDA).
 
Le cabinet d’audit qui a analysé les finances de la ville, évoquant la baisse de l’épargne brute, a parlé d’une « épargne en perte de vitesse » : cette baisse est matérialisée sur le graphe par le rapprochement progressif des deux courbes (« effet  ciseau »).
 
Prenons quelques exemples :
  • Entre le compte administratif de 2013 et le budget 2014, on constate une évolution de +8,3 % sur le chapitre 012, soit une augmentation des charges de personnel de 1,2 millions d’euros (14,46 M€ en réalisé 2013, 15,66 M€ au budget 2014).
  • Entre 2008 et 2014, la masse salariale reste identique à hauteur de 15,7 M€, malgré le transfert de plus de 120 agents à la CDA…
  • Idem sur le chapitre 011 (dépenses à caractère général) où l’on constate une hausse de +7,8% sur le budget voté par l’anciennement majorité entre 2013 et 2014 !
En 2014, on peut s’inquiéter d’une épargne brute qui se réduit à 3 M€ alors que l’annuité de remboursement du capital de la dette de la ville est de 2,8 M€…
 
La situation de l’endettement, dont on peut constater la forte augmentation depuis 2010, mérite en effet la plus grande vigilance.
 
La « capacité de désendettement » est un indicateur de synthèse qui mesure l’adéquation entre l’épargne et l’endettement, en calculant le nombre d’années qu’il faudrait à la ville pour rembourser complètement sa dette à partir de l’épargne annuelle.
 
Dès notre élection, nous avons été contraints de suspendre certains projets, comme le quartier des gens du voyage, le projet de la Guyarderie, ou encore les containers enterrés. Pour autant, en raison de la chute de l’épargne brute à 3 millions d’euros, la capacité de désendettement s’est envolée à 11,4 années, alors que le premier seuil de vigilance rappelé par la Direction Générale des Collectivités Locales est à 10.


La baisse des concours de l’Etat est un fait sans précédent, un contexte exceptionnel. Toutes les collectivités sont lourdement impactées. Il est évident que cela va avoir des répercussions dramatiques sur leur investissement et donc l’emploi en France, notamment dans le BTP. Rien que pour la ville, cela représente une baisse de dotation de 450.000 € pour 2015 et de 1,8 millions d’euros à l’échéance de 2017. A titre d’illustration pour notre ville, pour absorber une telle perte, cela pourrait nécessiter la suppression de 63 postes en moyenne ou une réduction de 32% des charges à caractère général, ou encore une augmentation de 10% des taux de fiscalité locale.

Si nous n’agissons pas sur le niveau des dépenses, avec la tendance générale à la hausse d’environ 3% par an compte tenu des évolutions du personnel et de l’indexation des prix concernant les marchés de maintenance et de travaux, nous allons droit à la catastrophe car nous ne pourrons plus honorer le remboursement de la dette... Nous devons impérativement réagir !


De même, nous devons stopper net l’envol de la dette, sinon la capacité de désendettement dérapera avec un risque sérieux d’insécurité budgétaire…

C’est un changement de modèle qui s’impose à nous tous, afin d’éviter le recours à de nouvelles hausse d’impôts alors que nous atteignons déjà des sommets en comparaison avec la grande majorité des villes en France.

 
Pour redresser la barre, il est nécessaire de travailler à :
  • la baisse des dépenses de fonctionnement, et notamment la masse salariale, en misant sur la mutualisation des personnels et des moyens qui sera mise en œuvre dès 2015 entre la ville, la Communauté d’Agglomération (CDA) et le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS),
  • la remise à plat des subventions avec une sélection en fonction des priorités,
  • une politique active de recherche systématique de nouvelles sources de financement (subventions publiques, cession d’immobilier, développement d’activités lucratives, facturation au coût réel des services, mécénat, etc.).
 
Notre objectif est de stabiliser la dette autour de 35 M€, ce qui implique la réduction des investissements à hauteur de 8 M€ en 2015, dont 3,8 millions d’euros sont déjà fléchés pour finaliser le Programme de Rénovation Urbaine. Nous devrons donc sélectionner les projets d’investissement en fonction des priorités du programme et de leur retour sur investissement.

La volonté de contenir l’encours de dette, combinée à une épargne brute maintenue à 3 millions d’euros, implique la stabilisation de la capacité de désendettement autour de 12 années.
 
AUTOUR DE JEAN-PHILIPPE MACHON, NOTRE EQUIPE MUNICIPALE REAFFIRME SA VOLONTE DE TENIR LES ENGAGEMENTS PRIS DURANT LA CAMPAGNE ELECTORALE ET CE MALGRE LES CONTRAINTES FINANCIERES.