19/12/2012

Mariage pour tous : la vraie question de la filiation

La remise en cause du mariage, mais surtout de la filiation, est une véritable question de société sur laquelle nous ne pouvons faire l'économie d'une réflexion dépassionnée. Elle mérite que chacun s'interroge profondément, bien au-delà des positions caricaturales présentées dans les médias, opposant deux catégories de personnes. Il n'y a pas d'un côté ceux, favorables au mariage homosexuel et à l'adoption qui seraient porteurs d'une vision de la société novatrice et tolérante, et de l'autre, ceux qui sont taxés d'intégrisme, de conservatisme, voire d'homophobie en raison de leur attachement au modèle historique de la famille. Cette stigmatisation est réductrice et malveillante.

Ceux qui disent que le projet de loi de "mariage pour tous" ne fait qu'accorder des droits nouveaux au nom de l'égalité nous trompent. ce texte bouleverse en profondeur notre société. Faut-il rappeler que le mariage civil est un acte juridique visant à établir un cadre institutionnel pour un couple constitué par un homme et une femme qui décident de fonder une famille ? Le mariage n'est donc pas un simple certificat de reconnaissance d'un sentiment amoureux. En fait, ce qui pousse aujourd'hui les couples homosexuels, ou tout au moins une minorité, à revendiquer un "droit au mariage", c'est qu'en y accédant, ils obtiendraient de facto des droits en matière d'homoparentalité.

Ainsi la question du mariage n'est finalement qu'un leurre qui fait diversion. La question principale est celle de la filiation : l'adoption, le recours aux techniques de l'assistance médicale à la procréation ou encore des mères porteuses. La reconnaissance juridique de l'homoparentalité entraînerait bien logiquement l'abandon de la notion de père et de mère dans le code civil au profit du terme de parents indifférenciés... Ainsi seraient remis en cause les repères naturels de l'enfant fondateurs de son identité et de sa lisibilité de sa filiation.

Nous persistons à penser qu'un enfant se construit avec un père et une mère. Certains vous citeront des exemples de couples homosexuels formidables ou de couples hétérosexuels qui ne le seraient pas. Mais nous ne pouvons légiférer à partir de l'expérience même réussie de cas particuliers. Il nous faut réfléchir aux situations permettant le meilleur développement d'un enfant. Or l'absence d'un père ou d'une mère sera toujours vécue comme un manque profond dans la construction d'un enfant.

Que le mariage homosexuel et l'homoparentalité aient été inscrits dans le programme de François Hollande ne justifie pas leur exament dans la précipitation, sans information ni consultation des Français alors qu'il s'agit d'un enjeu majeur de société. Désormais le gouvernement n'a qu'un objectif, celui d'éviter le débat. Comment se fait-il que le Président de la République et son Premier Ministre toujours si prompts à lancer des concertations et des commissions de réflexion, ne prennent pas la précaution de le faire sur un sujet concernant les droits de l'enfant et les fondements de la famille dans notre société ?

Pour toutes ces raisons, je rejoins la position de l'Entente parlementaire qui regroupe près de 200 députés et sénateurs qui ont cosigné une tribune parue dans Libération. Tout comme eux, je demande un débat public et un référendum autour du futur projet de loi.

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